Vous ĂȘtes ici Accueil Histoire Grands dis... Victor Hugo 15 septembre 1848 Contenu de l'article Victor Hugo abolition de la peine de mort 15 septembre 1848 Toute sa vie Victor Hugo a Ă©tĂ© un farouche abolitionniste. Ce combat contre la peine de mort est d'abord menĂ© au moyen de son oeuvre littĂ©raire. Dans deux romans, Le dernier jour d'un condamnĂ© 1829 et Claude Gueux 1834, il dĂ©peint la cruautĂ© des exĂ©cutions capitales auxquelles il a assistĂ© dans son enfance. S'il avoue que l'Ă©criture l'a libĂ©rĂ© d'une culpabilitĂ©, il ajoute, dans la prĂ©face de 1832 du dernier jour d'un condamnĂ©, que se laver les mains est bien, empĂȘcher le sang de couler serait mieux ». Ălu pair de France, Victor Hugo tente sans succĂšs de convaincre ses collĂšgues lors du procĂšs de Pierre Lecomte, accusĂ© de tentative d'assassinat sur Louis-Philippe, d'Ă©carter le chĂątiment suprĂȘme. Mais, c'est au cours de la sĂ©ance de l'AssemblĂ©e constituante du 15 septembre 1848 qu'il prononce son discours le plus cĂ©lĂšbre pour l'abolition de la peine de mort. DĂ©jĂ , en 1830, Ă l'AssemblĂ©e nationale, cette question avait donnĂ© lieu Ă un dĂ©bat public. La proposition de loi de Destutt de Tracy dĂ©posĂ©e le 17 aoĂ»t 1830 est suivie d'un vote par la Chambre des dĂ©putĂ©s d'une Adresse au Roi demandant l'abolition. Puis la loi du 28 avril 1832 modifiant le code pĂ©nal supprime neuf cas passibles de la peine capitale complot sans attentat, fausse monnaie, contrefaçon des sceaux de l'Etat, certains incendies volontaires, vol avec circonstances aggravantes notamment et gĂ©nĂ©ralise les circonstances attĂ©nuantes. En 1838 ont lieu de nouveaux dĂ©bats au cours desquels intervient Lamartine. En 1848 deux jours aprĂšs la proclamation de la DeuxiĂšme RĂ©publique, un dĂ©cret du Gouvernement provisoire abolit la peine de mort en matiĂšre politique. Dans une lettre Ă Lamartine du 27 fĂ©vrier 1848, Victor Hugo approuve l'abolition. Candidat Ă l'AssemblĂ©e constituante lors du scrutin complĂ©mentaire du 4 juin 1848, il explique, dans sa profession de foi du 26 mai 1848, ce qu'il attend de la RĂ©publique une libertĂ© sans usurpation et sans violence, une Ă©galitĂ© qui admettra la croissance naturelle de chacun, une fraternitĂ© non de moines dans un couvent, mais d'hommes libres, donnera Ă tous l'enseignement comme le soleil donne la lumiĂšre. » AprĂšs les Ă©meutes de juin, il intervient, pendant tout le mois de juillet, en faveur de nombreux prisonniers politiques menacĂ©s d'exĂ©cution et de dĂ©portation. Quelques mois aprĂšs la proclamation de la RĂ©publique, il s'agit pour les reprĂ©sentants de la Nation de la doter d'une Constitution. L'article 5 du projet, inspirĂ© par le dĂ©veloppement du romantisme rĂ©volutionnaire et par le fait que dans une pĂ©riode si troublĂ©e les opposants d'aujourd'hui, parfois qualifiĂ©s de criminels », ont vocation Ă devenir les dirigeants de demain, dispose que la peine de mort est abolie en matiĂšre politique ». Trois dĂ©putĂ©s, Coquerel, Rabuan et Buvignier, dĂ©posent alors des amendements identiques visant Ă supprimer les mots en matiĂšre politique. », ce qui a pour consĂ©quence de proposer d'Ă©tendre l'abolition aux crimes de droit commun. C'est pour soutenir cette rĂ©daction de l'article que Victor Hugo intervient Ă l'improviste », mais il ne parvient pas Ă la faire adopter. Les amendements sont rejetĂ©s par 498 voix contre 216. Victor Hugo poursuivra ce combat jusqu'Ă sa mort. Lors de l'exil, il mĂšnera une campagne auprĂšs de la population de Guernesey pour la commutation de la peine du criminel John Tapner et Ă©choue face Ă l'inflexibilitĂ© du secrĂ©taire d'Ătat de l'IntĂ©rieur, Lord Palmerston. Ses espoirs de voir sa cause progresser avec le retour de la RĂ©publique seront déçus par la sanglante rĂ©pression des communards ».Pour autant, ce discours constituera une rĂ©fĂ©rence pour ceux qui militeront pour l'abolition de la peine de mort jusqu'Ă la loi du 9 octobre 1981. Le citoyen Victor Hugo. Messieurs, comme l'honorable rapporteur de votre commission, je ne m'attendais pas Ă parler sur cette grave et importante matiĂšre. Je regrette que cette question, la premiĂšre de toutes peut-ĂȘtre, arrive au milieu de vos dĂ©libĂ©rations presque Ă lâimproviste, et surprenne les orateurs non prĂ©parĂ©s. Quant Ă moi, je dirai peu de mots, mais, ils partiront du sentiment dâune conviction profonde et ancienne. Vous venez de consacrer lâinviolabilitĂ© du domicile ; nous vous demandons de consacrer une inviolabilitĂ© plus haute et plus sainte encore ; lâinviolabilitĂ© de la vie humaine. Messieurs, une constitution, et surtout une constitution faite par et pour la France, est nĂ©cessairement un pas dans la civilisation ; si elle nâest point un pas dans la civilisation, elle nâest rien. TrĂšs bien ! trĂšs bien ! Eh bien, songez-y ! Quâest-ce que la peine de mort ? La peine de mort est le signe spĂ©cial et Ă©ternel de la barbarie. Mouvement. Partout oĂč la peine de mort est prodiguĂ©e, la barbarie domine ; partout oĂč la peine de mort est rare, la civilisation rĂšgne. Mouvement. Ce sont lĂ des faits incontestables. Lâadoucissement de la pĂ©nalitĂ© est un grand et sĂ©rieux progrĂšs. Le 18° siĂšcle, câest lĂ une partie de sa gloire, a aboli la torture ; le 19° abolira certainement la peine de mort. AdhĂ©sion Ă gauche. Plusieurs voix. Oui ! oui ! Le citoyen Victor Hugo. Vous ne lâabolirez pas peut-ĂȘtre aujourdâhui ; mais, nâen doutez pas, vous lâabolirez ou vos successeurs lâaboliront demain ! Les mĂȘmes voix. Nous lâabolirons ! Agitation. Le citoyen Victor Hugo. Vous Ă©crivez en tĂȘte du prĂ©ambule de votre constitution En prĂ©sence de Dieu, » et vous commenceriez par lui dĂ©rober, Ă ce Dieu, ce droit qui nâappartient quâĂ lui, le droit de vie et de mort. TrĂšs bien ! trĂšs bien ! Messieurs, il y a trois choses qui sont Ă Dieu et qui nâappartiennent pas Ă lâhomme lâirrĂ©vocable, lâirrĂ©parable, lâindissoluble. Malheur Ă lâhomme sâil les introduit dans ses lois ! Mouvement. TĂŽt ou tard elles font plier la sociĂ©tĂ© sous leur poids, elles dĂ©rangent lâĂ©quilibre nĂ©cessaire des lois et des mĆurs, elles ĂŽtent Ă la justice humaine ses proportions ; et alors il arrive ceci, rĂ©flĂ©chissez-y, messieurs, Profond silence que la loi Ă©pouvante la conscience ! Sensation. Messieurs, je suis montĂ© Ă cette tribune pour vous dire un seul mot, un mot dĂ©cisif, selon moi ; ce mot, le voici Ăcoutez ! Ă©coutez ! AprĂšs fĂ©vrier, le peuple eut une grande pensĂ©e le lendemain du jour oĂč il avait brĂ»lĂ© le trĂŽne, il voulut brĂ»ler lâĂ©chafaud. TrĂšs bien ! â Sensation. Ceux qui agissaient sur son esprit alors ne furent pas, je le regrette profondĂ©ment, Ă la hauteur de son grand cĆur. A gauche TrĂšs bien ! Le citoyen Victor Hugo. On lâempĂȘcha dâexĂ©cuter cette idĂ©e sublime. Eh bien, dans le premier article de la constitution que vous vous votez, vous venez de consacrer la premiĂšre pensĂ©e du peuple, vous avez renversĂ© le trĂŽne; maintenant consacrez lâautre, renversez lâĂ©chafaud. Vif assentiment sur plusieurs bancs.Je vote lâabolition pure, simple et dĂ©finitive de la peine de mort.
Cette biographie vous propose des poĂšmes, des citations et proverbes de Victor Hugo et quelques lettres d'amour. 1. A Jeanne Recueil Les chansons des rues et des bois. Ces lieux sont purs ; tu les complĂštes. Ce bois, loin des sentiers battus, Semble avoir fait des violettes, Jeanne, avec toutes tes vertus. L'aurore ressemble Ă ton Ăąge ; Jeanne, il existe sous les cieux On ne sait quel doux voisinage Des bons coeurs avec les beaux lieux. Tout ce vallon est une fĂȘte Qui t'offre son humble bonheur ; C'est un nimbe autour de ta tĂȘte ; C'est un Ă©den en ton honneur. Tout ce qui t'approche dĂ©sire Se faire regarder par toi, Sachant que ta chanson, ton rire, Et ton front, sont de bonne foi. Ă Jeanne, ta douceur est telle Qu'en errant dans ces bois bĂ©nis, Elle fait dresser devant elle Les petites tĂȘtes des nids. 2. A une jeune fille Recueil Odes et ballades. Vous qui ne savez pas combien l'enfance est belle, Enfant ! n'enviez point notre Ăąge de douleurs, OĂč le coeur tour Ă tour est esclave et rebelle, OĂč le rire est souvent plus triste que vos pleurs. Votre Ăąge insouciant est si doux qu'on l'oublie ! Il passe, comme un souffle au vaste champ des airs, Comme une voix joyeuse en fuyant affaiblie, Comme un alcyon sur les mers. Oh ! ne vous hĂątez point de mĂ»rir vos pensĂ©es ! Jouissez du matin, jouissez du printemps ; Vos heures sont des fleurs l'une Ă l'autre enlacĂ©es ; Ne les effeuillez pas plus vite que le temps. Laissez venir les ans ! Le destin vous dĂ©voue, Comme nous, aux regrets, Ă la fausse amitiĂ©, A ces maux sans espoir que l'orgueil dĂ©savoue, A ces plaisirs qui font pitiĂ©. Riez pourtant ! du sort ignorez la puissance Riez ! n'attristez pas votre front gracieux, Votre oeil d'azur, miroir de paix et d'innocence, Qui rĂ©vĂšle votre Ăąme et rĂ©flĂ©chit les cieux ! 3. Oh ! quand je dors... Recueil Les rayons et les ombres. Oh ! quand je dors, viens auprĂšs de ma couche, Comme Ă PĂ©trarque apparaissait Laura, Et qu'en passant ton haleine me touche... - Soudain ma bouche S'entr'ouvrira ! Sur mon front morne oĂč peut-ĂȘtre s'achĂšve Un songe noir qui trop longtemps dura, Que ton regard comme un astre se lĂšve... - Soudain mon rĂȘve Rayonnera ! Puis sur ma lĂšvre oĂč voltige une flamme, Eclair d'amour que Dieu mĂȘme Ă©pura, Pose un baiser, et d'ange deviens femme... - Soudain mon Ăąme S'Ă©veillera ! 4. On vit, on parle... Recueil Les rayons et les ombres. On vit, on parle, on a le ciel et les nuages Sur la tĂȘte ; on se plaĂźt aux livres des vieux sages ; On lit Virgile et Dante ; on va joyeusement En voiture publique Ă quelque endroit charmant, En riant aux Ă©clats de l'auberge et du gĂźte ; Le regard d'une femme en passant vous agite ; On aime, on est aimĂ©, bonheur qui manque aux rois ! On Ă©coute le chant des oiseaux dans les bois Le matin, on s'Ă©veille, et toute une famille Vous embrasse, une mĂšre, une soeur, une fille ! On dĂ©jeune en lisant son journal. Tout le jour On mĂȘle Ă sa pensĂ©e espoir, travail, amour ; La vie arrive avec ses passions troublĂ©es ; On jette sa parole aux sombres assemblĂ©es ; Devant le but qu'on veut et le sort qui vous prend, On se sent faible et fort, on est petit et grand ; On est flot dans la foule, Ăąme dans la tempĂȘte ; Tout vient et passe ; on est en deuil, on est en fĂȘte ; On arrive, on recule, on lutte avec effort... - Puis, le vaste et profond silence de la mort ! 5. Jeanne endormie Recueil L'art d'ĂȘtre grand-pĂšre. L'oiseau chante ; je suis au fond des rĂȘveries. Rose, elle est lĂ qui dort sous les branches fleuries, Dans son berceau tremblant comme un nid d'alcyon, Douce, les yeux fermĂ©s, sans faire attention Au glissement de l'ombre et du soleil sur elle. Elle est toute petite, elle est surnaturelle. Ă suprĂȘme beautĂ© de l'enfant innocent ! Moi je pense, elle rĂȘve ; et sur son front descend Un entrelacement de visions sereines ; Des femmes de l'azur qu'on prendrait pour des reines, Des anges, des lions ayant des airs benins, De pauvres bons gĂ©ants protĂ©gĂ©s par des nains, Des triomphes de fleurs dans les bois, des trophĂ©es D'arbres cĂ©lestes, pleins de la lueur des fĂ©es, Un nuage oĂč l'Ă©den apparaĂźt Ă demi, VoilĂ ce qui s'abat sur l'enfant endormi. Le berceau des enfants est le palais des songes ; Dieu se met Ă leur faire un tas de doux mensonges ; De lĂ leur frais sourire et leur profonde paix. Plus d'un dira plus tard Bon Dieu, tu me trompais. Mais le bon Dieu rĂ©pond dans la profondeur sombre - Non. Ton rĂȘve est le ciel. Je t'en ai donnĂ© l'ombre. Mais ce ciel, tu l'auras. Attends l'autre berceau ; La tombe. Ainsi je songe. Ă printemps ! Chante, oiseau ! 6. Le sacre de la femme - Ăve Recueil La lĂ©gende des siĂšcles. Ăve offrait au ciel bleu la sainte nuditĂ© ; Ăve blonde admirait l'aube, sa soeur vermeille. Chair de la femme ! argile idĂ©ale ! ĂŽ merveille ! PĂ©nĂ©tration sublime de l'esprit Dans le limon que l'Ătre ineffable pĂ©trit ! MatiĂšre oĂč l'Ăąme brille Ă travers son suaire ! Boue oĂč l'on voit les doigts du divin statuaire ! Fange auguste appelant le baiser et le coeur, Si sainte, qu'on ne sait, tant l'amour est vainqueur, Tant l'Ăąme est vers ce lit mystĂ©rieux poussĂ©e, Si cette voluptĂ© n'est pas une pensĂ©e, Et qu'on ne peut, Ă l'heure oĂč les sens sont en feu, Ătreindre la beautĂ© sans croire embrasser Dieu ! Ăve laissait errer ses yeux sur la nature. Et, sous les verts palmiers Ă la haute stature, Autour d'Ăve, au-dessus de sa tĂȘte, l'oeillet Semblait songer, le bleu lotus se recueillait, Le frais myosotis se souvenait ; les roses Cherchaient ses pieds avec leurs lĂšvres demi-closes ; Un souffle fraternel sortait du lys vermeil ; Comme si ce doux ĂȘtre eĂ»t Ă©tĂ© leur pareil, Comme si de ces fleurs, ayant toutes une Ăąme, La plus belle s'Ă©tait Ă©panouie en dĂ©couvrir aussi PoĂšmes et poĂ©sie sur la nature 7. Tu me vois bon charmant et doux Recueil OcĂ©an vers. Tu me vois bon, charmant et doux, ĂŽ ma beautĂ© ; Mes dĂ©fauts ne sont pas tournĂ©s de ton cĂŽtĂ© ; C'est tout simple. L'amour, Ă©tant de la lumiĂšre, Change en temple la grotte, en palais la chaumiĂšre, La ronce en laurier-rose et l'homme en demi-dieu. Tel que je suis, rĂȘvant beaucoup et valant peu, Je ne te dĂ©plais pas assez pour que ta bouche Me refuse un baiser, ĂŽ ma belle farouche, Et cela me suffit sous le ciel Ă©toilĂ©. Comme PĂ©trarque Laure et comme Horace ĂglĂ©, Je t'aime. Sans l'amour l'homme n'existe guĂšre. Ah ! j'oublie Ă tes pieds la patrie et la guerre Et je ne suis plus rien qu'un songeur Ă©perdu. 8. Quand deux cĆurs en s'aimant ont doucement vieilli Recueil Toute la lyre. Quand deux coeurs en s'aimant ont doucement vieilli Oh ! quel bonheur profond, intime, recueilli ! Amour ! hymen d'en haut ! ĂŽ pur lien des Ăąmes ! Il garde ses rayons mĂȘme en perdant ses flammes. Ces deux coeurs qu'il a pris jadis n'en font plus qu'un. Il fait, des souvenirs de leur passĂ© commun, L'impossibilitĂ© de vivre l'un sans l'autre. - ChĂ©rie, n'est-ce pas ? cette vie est la nĂŽtre ! Il a la paix du soir avec l'Ă©clat du jour, Et devient l'amitiĂ© tout en restant l'amour !
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