Au cœur d’une campagne des élections départementales pour le moins atone jusque-là, la cristallisation de l’électorat autour d’un thème majeur n’a pas encore eu lieu. Avec "Les 47", Serge Bousquet-Cassagne s’échine pourtant à sortir des sentiers battus, quitte à heurter lorsqu’il va au-delà des compétences d’un conseil départemental. On avait plein de questions à poser à ce sujet au président de la chambre d’agriculture, candidat sur le canton du Fumélois. Il nous a reçus récemment flanqué de sa vice-présidente, Nathalie Roussille, également candidate à Lavardac. Ambiance. Chez "Les 47", les candidats qui se présentent dans 14 des 21 cantons du Lot-et-Garonne, sont simplement là pour témoigner d’une profession, agriculteur, comme le disent vos détracteurs ? SBC Serge Bousquet-Cassagne On se présente pour prendre l’hôtel Saint-Jacques !NR Nathalie Roussille Pour faciliter la vie des citoyens du On se présente pour exprimer nos idées, pour gagner et pour changer la politique de l’hôtel Saint-Jacques et pour appliquer une politique de bon sens, qui est la nôtre. Il faut remettre les valeurs au centre du pour l’essentiel vos candidats sont des agriculteurs. Que l’on sache, le conseil départemental, ce n’est pas que l’agriculture ?SBC Bien sûr que non. D’ailleurs, dans nos propositions, il n’y en a pas une qui parle d’agriculture ! Et nous n’avons pas que des agriculteurs comme y a quand même toutes les têtes d’affiche de la Coordination Rurale ?SBC Pas que, non plus. Nous avons beaucoup de jeunes, ce qui change des autres candidats. Et surtout on veut aller contre l’idée que les élections ne seraient réservées qu’à certaines catégories professionnelles aux fonctionnaires, un peu aux médecins, beaucoup aux enseignants et aux retraités. Et les agriculteurs qui ont tellement de travail, ils n’auraient pas le droit de se présenter aux élections ? Dans un département rural comme le Lot-et-Garonne, c’est un drôle de opposants dénoncent aussi l’intrusion d’un syndicat, qu’il soit agricole ou autre, dans la Il n’y a qu’à demander à Raymond Girardi vice-président sortant du conseil départemental en charge de l’agriculture et vice-président national du syndicat Modef, Et puis notre syndicalisme est singulier. Ce n’est pas du syndicalisme revendicatif de base comme le sont les syndicats obsolètes de la fonction publique et de l’Education qu’il a de si particulier le syndicalisme à la sauce Coordination Rurale ?SBC Nous, c’est un syndicalisme positif. Avant d’être des syndicalistes, nous sommes des chefs d’entreprise. Nous avons démontré avec la chambre d’agriculture, le lac de Caussade et l’abattoir de Villeneuve-sur-Lot, que nous sommes tout à fait capables de bien gérer. Si on nous met demain entre les mains cette usine à gaz qu’est devenu le conseil départemental, on va s’en occuper vous dérange qu’on dise "les agriculteurs" en parlant de votre liste ?SBC Nous sommes fiers de l’être, mais je voudrais rappeler qu’aujourd’hui pour être agriculteur, il faut être mécanicien, vétérinaire, chimiste, biologiste, comptable, juriste, notaire, bâtisseur, il faut même être avocat parfois, tout savoir faire avec le numérique aussi […] et avec tout cela on ne serait pas capable de gérer le Département ?NR – Il faut savoir se remettre en question tous les jours dans notre vous ne faites pas de propositions sur l’agriculture, vous faites des propositions sur quoi ?SBC – On s’engage sur les choses du quotidien ! C’est-à-dire l’accès aux soins de nos aînés, la revalorisation salariale des aides à domicile, l’entretien des routes pour mieux accueillir les touristes, et pas seulement avant les élections, la fin des zones blanches en téléphonie mobile plutôt que de promettre la 5G, la réparation des poteaux et des fils qui traînent partout […]Tout cela va avoir un coût, comment financer ?SBC – Si on ne prend que l’exemple de la revalorisation des salaires des aides à domicile, en supprimant déjà toute l’administration inutile qui entoure ces services on va trouver un peu d’argent. La surembauche pratiquée par la majorité sortante doit être arrêtée. Nous nous engageons à une surveillance très fine de chaque dépense publique. Nous savons faire des économies. Nous l’avons mis en application à la chambre d’agriculture, dont les comptes sont de vos propositions fait déjà parler, votre volonté de revoir le mode d’attribution du revenu de solidarité active RSA, qu’en est-il ?SBC – Qui attribue le RSA actuellement à untel ou untel ? Des fonctionnaires du conseil départemental et comme cela n’est pas leur argent ils ne sont pas assez regardants. Moi, je veux que ce soit des élus qui prennent leurs responsabilités et que dans les commissions d’attributions il y ait aussi des entrepreneurs et des salariés qui sachent de quoi on parle !La majorité sortante a fait évoluer les choses sur le RSA, notamment en permettant le cumul d’activités saisonnières, qu’en pensez-vous ?SBC C’est une bonne idée mais c’est tellement compliqué à mettre en place qu’il n’y en a pas un sur mille qui peut y prétendre, donc c’est un coup d’épée dans l’eau. Qu’est-ce qu’on pense du RSA ? Les gens qui sont en difficulté pour plein de raisons, il faut les aider, par contre il faut éviter que s’engouffrent tous les autres. Il faut arrêter de dénigrer la valeur travail au profit de ceux qui ne veulent rien sûrs d’être dans la légalité au regard de ce que vous proposez. Des élus de la majorité disent que vous n’êtes pas dans les clous ?SBC C’est vrai, il y a des lois en France, par contre la commission d’attribution du RSA peut être composée comme je l’annonce et elle peut être restrictive au lieu que ce soit "open bar". Nous voulons aussi faciliter l’accès aux emplois de proximité et surtout dépoussiérer le carcan de l’ ?SBC – Un apprenti agriculteur n’a plus le droit de monter un tracteur, un apprenti boucher ne peut plus toucher un couteau s’il a moins de 18 ans, un apprenti charpentier n’a pas le droit de monter sur les toits…C’est le rôle du conseil départemental ?SBC C’est le rôle des élus locaux il me semble de faire remonter ce qui ne va pas, non ? Si tout le monde se cache derrière son petit doigt entre les collectivités locales et l’Etat à dire, ce n’est pas moi, c’est l’autre, notre pays n’avancera pas. Il faut du bon C’est comme pour les aides de la Région, très compliquées à obtenir quand on voit la paperasse à remplir et la difficulté à trouver les bons relais, le Département a un rôle à jouer en mettant au service des Lot-et-Garonnais quelques-uns de ses agents pour leur faciliter la dites aussi vouloir vous attaquer au clientélisme et à la chasse aux indemnités de fonction, vous avez des exemples ?SBC – Il suffit de regarder les CV de certains. Comme celui de Jacques Bilirit, qui fut un excellent 3e ligne à Marmande, mais son CV d’élu est plus long que mon nombre de matchs joués avec Fumel ! Pour notre part, on veut aider les maires ruraux qui ne bénéficient plus de l’expertise de tous les cadres du conseil départemental, bien trop nombreux d’ailleurs. On en fera de même en apportant des services à des clubs une fois, ce n’est pas au conseil départemental de remplir la licence du pilier des Quatre-Cantons ?SBC – Et pourquoi pas ? J’ai le souvenir de techniciens du conseil départemental, ex-excellents jours du SUA ou d’ailleurs, qui ont passé leur temps à monter des écoles de rugby dans certains villages, aux Quatre-Cantons justement ! Je sais que la loi NOTRe ne le permet plus, mais quand tu ne peux pas prendre le zig, tu fais comme au lac de Caussade, tu prends le vos brigades de profs retraités pour remplacer les absents de l’Education Nationale, vous croyez sérieusement que l’inspection d’académie va vous l’autoriser ?SBC On leur demandera en tout cas. Vous savez, quand on demande les choses un peu fort, on est avez parlé du lac de Caussade, de votre habitude à taper du poing sur la table, pour ne pas dire plus au regard des manifestations où il y a dégradation de matériel public et pneus brûlés, c’est un changement de cap pour la Coordination Rurale de se tourner vers la démocratie et les urnes ?SBC – Quand nos détracteurs n’ont plus rien à dire contre nous, ils disent que nous sommes des "fachos". Vous irez dire à Gilbert Dufourg, maire de Fauillet et candidat sur Tonneins pour "Les 47" qu’il est un "facho", vous allez voir ce qu’il va vous répondre. Vous irez poser la même question à Martine Cabrel. Vous verrez ce qu’elle vous dira. Et puis les urnes, cela fait 30 ans que, très légalement nous avons été élus aux Prud’hommes, dont nous avons été sortis illégalement selon nous, à la chambre d’agriculture et c’est déjà notre quatrième mandat, et à la Mutualité Sociale Agricole. On ne les a pas bourrées les urnes, par contre on s’est rempli les poches d’électeurs, surtout la dernière fois. Cela fait donc 30 ans que nous respectons les urnes et là, parce qu’on irait vers les urnes de tout le monde, on marcherait sur les plates-bandes de postes réservés à une certaine catégorie sociale, on n’aurait pas le droit ? C’est de l’entre-soi. Eh bien nous venons mettre un peu la pagaille là-dedans !La pagaille, pour l’instant, vous la mettez plutôt dans votre camp, à droite !SBC – C’est quoi ce sous-entendu ? Nous serions de droite plus que de gauche ? Nous, nous sommes comme tout le monde, nous avons le cœur à gauche. Nous sommes amis avec Nicolas Lacombe, parce que c’est un bon mec et qu’il travaille bien. Il fait du bon boulot chez – Nous sommes amis avec Raymond Girardi aussi !On avait cru comprendre que vous étiez très amis aussi avec Jean Dionis et Pierre Chollet, mais ce dernier vous met des candidats à Fumel et à Lavardac, pour ne citer que vous deux. On ne vous rend pas les cadeaux que vous faites dans certains – On fonctionne souvent comme cela les agriculteurs. On fait des cadeaux à tout le monde mais on n’est jamais payés en retour, mais vous savez, c’est à la fin de la foire qu’on compte les bouses. Il y a un premier tour, un deuxième tour et il y a un troisième tour pour élire le vous avez des élus. Vous espérez quoi d’ailleurs ?SBC On espère 28 Carton plein !SBC Quand est-ce qu’on joue un match perdant ? Jamais. Le lac de Caussade, le match on l’a gagné, même si on a pris quelques cartons rouges par la justice, elle aurait pu s’immiscer dans votre campagne puisqu’il avait été dit que votre procès en appel devait avoir lieu en mai, on a des nouvelles de ce procès ?SBC – Non, nous n’avons pas été convoqués au 6 mai, bien que cette date ait couru. Je n’entends plus rien. Ils nous convoqueront si nous sommes élus. Si nous sommes battus ils ne nous convoqueront peut-être pas.